Sur la route de Copenhague | On the road to Copenhagen: Barcelona !
Posted on 31. Oct, 2009 by Florent Baarsch in E.U., France
Première vue de Barcelone, en attendant le début de la conférence
Ca y est, c’est reparti pour un tour, on ferme les valises, on vérifie que tous les documents importants sont dans le sac à dos : appareil photo, crayon, cahier, quelques documents et livres importants, passeport. Vérification faite, refaite, probablement re-re-faite. Les sacs sont prêts, on passe la porte d’entrée, les billets pour le départ sont dans la main. L’excitation et la fébrilité gagnent. C’est enfin, ou déjà Barcelone.
Depuis le temps que je rêvais de partir dans cette capitale européenne de la fête, je peux enfin m’y rendre. Et le rythme qui m’attend est vraiment celui d’un vrai fêtard venu tout droit d’un pays voisin pour fêter jour et nuit dans la capitale catalane. La peut-être seule différence entre l’heureux fêtard et moi, c’est que même si je me coucherai tous les soirs vers 2 heures j’aurai à me lever tous les matins entre 6 et 7 heures, que mon petit déjeuner se fera en marchant en direction du centre de conférences des Nations Unies et que ma première réunion sera de 8h à 9h !
On ne va malheureusement pas tous à Barcelone pour les mêmes raisons. Dans mon cas, et dans le cas de toute l’équipe avec laquelle je travaille et des 3 ou 5 000 délégués internationaux, nous nous rendons en Catalogne pour négocier un accord sur le climat ou pour observer ceux qui négocient. Barcelone est le dernier round de négociations avant la conférence de Copenhague. Plus que 5 jours. Ces 5 jours sont juste décisifs.
Un échec maintenant, une copie rendue en fin de semaine qui n’est pas à la hauteur et tout s’effondre. Tous nos espoirs d’accord ambitieux, équitable et liant s’envoleront. Il ne nous restera comme à l’accoutumé que nos yeux pour pleurer.
Après les conférences de Bonn I, II, et III, de Bangkok, voici donc que s’ouvre celle de Barcelone. L’objectif affiché par le secrétariat de la Convention est toujours le même : réduire un texte trop long et peu compréhensible, et commencer à négocier sur les points politiques majeurs ou du moins dégager le terrain pour les ministres et les chefs d’Etat et de gouvernements. Ces 5 jours sont juste cruciaux.
Partir de Barcelone sans un texte clair, court, cohérent condamnera quasi assurément les négociations et rendra la tâche bien plus difficile pour les onze derniers jours de négociations officielles qu’il nous restera au Danemark au mois de décembre.
Pourtant, des points permettent encore d’y croire, nous permettent en tant que citoyens et surtout en tant que jeunes de croire qu’un avenir heureux nous est encore possible.
Bien qu’Yvo de Boer, secrétaire général de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques s’amuse à souffler le chaud et surtout le froid sur les négociations, des avancées importantes sont à souligner. Yvo, comme nous l’appelons tous ici, a à deux reprises dit qu’il n’y aurait pas d’accord à la fin de l’année, ou encore que la valeur juridique de l’accord avait autant d’importance que la couleur du papier sur le cadeau que l’on recevait ! Mais entre un accord qui n’est pas opposable, et pas contraignant et un autre qu’il l’est, je vois personnellement une vraie différence : l’effectivité des mesures du cadeau !
Au-delà de ces déclarations inquiétantes, il faut mettre en avant ces quelques points qui font espérer :
- Premièrement, la journée mondiale d’actions du 24 octobre organisée par 350.org a reçu un plutôt bon accueil médiatique, le Monde, CNN, le Guardian et d’autres médias internationaux ont consacré des lignes ou des minutes à cet événement.
- De plus, la Chine et l’Inde ont signé un accord pour déterminer une position commune dans les négociations sur le climat et devraient normalement au cours de cette semaine formuler d’importants engagements.
- L’Union Européenne, après l’échec du Conseil Européen des Ministres du 21 octobre, a trouvé la force de rebondir grâce à ces chefs d’Etats et de gouvernements réunis à Bruxelles jeudi et vendredi dernier. L’Union se dote enfin d’un chiffre pour l’adaptation aux changements climatiques. Ce point bloquait jusqu’à présent les négociations entre blocs du Nord et du Sud. L’affirmation européenne va donc permettre de fait de débloquer un peu les négociations Nord Sud et donc de se focaliser sur les discussions concernant la répartition de la participation entre pays de l’Annexe I (qui va payer entre l’UE, les USA…). Cependant, ce rebondissement ne doit pas faire croire que l’Union devient un vrai leader dans les négociations ; il s’agit certes du premier groupe à prendre une position claire pour l’adaptation. Mais d’une part, ce chiffre n’est pas suffisant, et surtout, l’on ne sait toujours pas de quelle manière va se répartir la charge entre les pays de l’Union (je reviendrai plus longuement sur ce sujet dans les prochaines heures).
- La société civile américaine semble s’être enfin décidée à mettre un peu la pression sur le Sénat américain et l’administration Obama pour les inviter à aller plus vite et à voter un bill ambitieux avant le début de la conférence de Copenhague. Des hashtags sur twitter commencent à être utilisés (#hope2cop) et de plus en plus d’ONG modifient leur stratégie. De plus, le Comité Nobel contraint Barack Obama à se trouver en Scandinavie au moment des négociations sur le climat. Pas de chance pour Barack, il va passer pour un rigolo si à son retour d’Oslo, tout auréolé de ton prix de paix il ne passe pas par Copenhague !
Des avancées, des positions semblent évoluer et bouger. Espérons que tout cela soit suffisant pour que les négociateurs nous donnent suffisamment envie de fêter dignement notre départ de Barcelone et notre départ prochain vers Copenhague.
oui, il y a déjà des manifestations anti-guerre de prévus à Oslo pour accueillir Obama. Sa sécurité ne pouvant être garanti, il ira dormir chez le roi et non à l’hôtel où vont habituellement tous les Nobels