Un point rapide sur les négos à J+4
Posted on 02. Dec, 2010 by thomasmatagne in E.U., France
A Cancun, les négociations sur le climat ont sont rentrées dans le vive du sujet hier mercredi. Un résumé succinct et incomplet de la situation trois jours après l’ouverture de la Conférence.
Ambiance générale
D’après Mme Christiana Figueres, secrétaire de la Convention, la Présidence Mexicaine a fait un énorme travail toute en discrétion de consultation et de discussion pour arriver à reconstruire la confiance perdu à Copenhague (principalement du fait de la calamiteuse Présidence Danoise). Si l’ambiance n’est pas électrique mais plutôt volontariste et positive, malgré les difficultés, c’est grâce aux Mexicains.
Le protocole de Kyoto dans l’incertitude
Lors de l’ouverture des discussions relatives à la suite du Protocole de Kyoto, le Japon a fait une déclaration d’ouverture très offensive : « Le Japon n’inscrira pas ses objectifs de réduction dans le protocole de Kyoto, sous aucun prétexte et dans aucune circonstance ». Cette annonce a suscité un certain émoi, notamment dans les médias. L’information selon laquelle le Japon ne veut plus du protocole de Kyoto n’est pas nouvelle. En revanche, une annonce aussi directe, presque agressive en termes diplomatiques, n’est pas habituelle.
Le refus d’une seconde période d’engagement (à partir de 2013) n’est peut-être qu’une posture de négociations, mais il y a des raisons de penser que c’est une position définitive, étant donné que le Premier Ministre Japonais a fait une déclaration en ce sens devant le Parlement. Ceci met le Protocole de Kyoto en réel danger : il ne reste plus grand monde dedans…
Il semble que les diplomates de différents pays, en particulier ceux de l’Union Européenne, s’activent pour mettre le Japon sous pression. Sensible à son image internationale, il est peu probable que les Japonnais aient envie de se retrouver dans la situation des Etats-Unis il y a trois à la COP13 de Bali : isolés face à une communauté internationale unie pour exiger qu’ils avancent ou qu’ils sortent.
Néanmoins, les problèmes du Protocole de Kyoto sont multiples. Et d’autres pays tels la Russie et le Canada ont tendance à se cacher derrière le petit doigt japonais : eux non plus n’ont pas du tout envie d’une seconde période d’engagement… Et quand bien-même tous les pays développés (à l’exception des Etats-Unis) voulaient toujours participer, l’opérationnalité du protocole reste incertaines : en particulier, la question du report sur la seconde période d’engagement de nombreux droits d’émission accordés pour 2008-2012 à la Russie (ce qui supprimerait toute réalité de réduction) n’est pas réglée.
Mais on sait également que le G77+Chine a également une position très ferme sur la question : tout abandon du Protocole est inacceptable, puisqu’il considère ce texte comme la seule garantie d’action des pays développés pour l’heure.
Résultat : sur ce dossier qui a encore le temps d’avancer pendant la semaine et demie qui arrivent, il est probable qu’on se dirige vers ce que Christiana Figueres appelle une « solution entre deux », qui consiste à s’intéresser à la procédure pour continuer les discussions…
Financements
A Cancun, un espoir existe sur la mise en place d’un Fonds Verts (financements à long terme), qui serait une sorte de concrétisation d’un des points de l’Accord de Copenhague. Les discussions ont débuté hier et se sont orientées autours de la question du montant total du fonds : l’Accord de Copenhague prévoit 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 (position des pays développés), mais les pays en développement exigent toujours 1,5% du PIB des pays développés soit 600 milliards de dollars par an. Cette question qui a été mal tranchée à Copenhague revient logiquement sur la table.
Le problème des sources de financements a également émergé, avec la question de savoir que faire du rapport produit par l’AGF : plusieurs parties, dont l’UE estiment –surement à raison- qu’il faut continuer le travail. Dans quel cadre ? Et que faire en attendant ?
Enfin, dans les coulisses, il y aurait une division importante entre les Etats-Unis et l’Union Européenne pour savoir où devrait être établi le fonds (à l’intérieur ou à l’extérieur de la Convention).
MRV/ICA : et la confiance grandit ?
Les récentes déclarations des négociateurs en chef Américain et Chinois sont assez rassurantes. Les deux font part de grandes convergences sur la question du système international de contrôle des émissions, des actions et des financements (MRV/ICA). D’un côté Jonathan Pershing annonce … De l’autre, Su Wei déclare que « la différence n’est peut-être pas si énorme » [avec les Etats-Unis] et quils n’ont « aucun problème avec le MRV ». On ne parle pas encore d’accord, les négociations étant en cours, mais cette convergence affichée est de bon augure pour ce chapitre clé. Croisons les doigts.
Les discussions continuent
Les dizaines de réunions quotidiennes, les discussions bilatérales parallèles, les consultations menées par la Présidence mexicaine… continuent ce jeudi. Il reste quatre jours de négociations formelles, car à partir de mercredi s’ouvre le « Segment de Haut Niveau », qui accueillera les Ministres. Les discussions rentreront dans une nouvelle phase pour les arbitrages finaux sur tous les dossiers qui auront suffisamment avancé. Quatre jours pour toutes les questions à régler, c’est très peu… mais beaucoup de choses peuvent encore se passer.
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Benkamorvan
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http://jne-asso.org/blogjne/?p=1947 Revue de presse/web spéciale Cancun du 3 décembre 2010
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Negotiator Tracker - Thomas Matagne
Thomas Matagne, 23 ans, finit ses études en master Sciences et politiques de l'environnement à Paris. Il a participé à la COP15 en tant que membre de la délégation d'un PMA (« pays moins avancé ») et continue son travail sur les changements climatiques pour plus de justice inter- et intra- générationnelle... read more»
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