Mi-temps et encore loin de l’arrivée… mais toujours vivant !
Posted on 05. Dec, 2010 by thomasmatagne in E.U., France
Depuis lundi, les choses montent en puissance progressivement dans la Conférence des Nations Unies sur le climat de Cancun. A la moitié de la Conférence, les signaux contradictoires affluent ; l’humeur est donc ambivalente.
Pessimisme latent
Les bruits de couloirs sur la situation générale ces derniers jours était plutôt négatifs. Les questions de la structure légale et du niveau de réduction des émissions sont très difficiles ; mais cela était attendu. En revanche, des difficultés plus importantes qu’anticipées se sont révélées sur quelques chapitres, sur le financement et sur le Protocole de Kyoto notamment. Sur ce dernier point, Brice Lalonde, Ambassadeur pour le climat, s’est dit préoccupé, ne voyant pas d’issue de sortie. La qualité d’autres chapitres, par exemple sur la forêt (REDD+), s’est dégradée par rapport à l’année dernière.
Il est relativement logique que les difficultés soient importantes à cette étape des discussions : chacun montre ses muscles. Ce qui est inquiétant est que personne ne semble avoir de vision de sorties par le haut, d’organisation générale d’un accord.
Nouveau texte dans le groupe sur le long terme
Ce samedi aura été marqué par la publication d’un nouveau texte dans le groupe de négociation sur le long terme (AWG LCA, voir par ici pour des explications introductives). Ce texte est une nouvelle version d’un document considéré comme « non officiel » proposé par la Présidente du groupe Mme Mukahanana-Sangarwe la semaine dernière, sous sa seule responsabilité. Il ne vient pas officiellement remplacer les autres textes de négociations, que les Parties à la Convention ont élaborés depuis 3… Mais dans les faits, cela est bien l’objectif : le texte de la Présidente (au petit nom sexy de « CRP.2 ») est introduit dans l’objectif de permettre une Décision à Cancun.
En effet, les textes élaborés par les Parties ne sont pas utilisables, pour plusieurs raisons. D’abord parce que certains chapitres n’ont pas avancé : les textes sont longs et truffés de parenthèses, or les ministres ont besoin d’options claires et simples entre lesquelles trancher. Ensuite parce que chaque texte correspond à un chapitre donné ; il n’y a donc pas de vision d’ensemble. Or, il est un principe sur lequel les Parties s’accordent : il faut un accord « équilibré ». Cet équilibre doit être garanti entre tous les chapitres ; un texte unique facilite cet équilibre général (même s’il ne le garantit pas).
Premières réactions des Parties
Lors de la séance plénière informelle qui a suivi la publication du texte, les pays ont quasiment tous reconnus la qualité du travail réalisé par la Présidence Mexicaine et les Présidents des différents groupes, ainsi que l’ambiance constructive de travail. Globalement, les pays souhaitent travailler sur ce texte… Mais de nombreux ont souligné des points manquants. Seule la Bolivie a rejeté totalement le texte, appelant à reprendre les (inexploitables) textes des négociateurs. La question est donc de savoir sur quelle base le travail va continuer dans les jours qui viennent ; ce n’est pas encore très clair, même si on peut supposer que ce texte sera bien repris.
De plus, ce texte ne peut être envisagé qu’en rapport avec le travail de l’autre groupe de travail, celui sur le Protocole de Kyoto ; or nous n’avons pas encore de nouveau texte (il devrait être réalisé pour demain). D’autant que la situation semble mal engagée pour le Protocole, avec le refus du Japon ou du Canada de s’engager pour une second période. La séance plénière informelle a révélé les tensions sur cette question. La coordination entre Protocole de Kyoto est le reste est toujours aussi difficile.
Ce samedi soir, un repas ministériel informel a lieu ; demain des travaux continueront. L’inclusion progressive des Ministres devrait pouvoir permettre de débloquer certains éléments.
Pas de texte caché et ambiance constructive
La Présidente mexicaine de la COP a insisté sur le fait qu’il n’existe pas de texte mexicain, qu’il n’y a pas de négociations parallèles. Je pense qu’on peut la croire étant donné les dégâts qu’ont causés de telles initiatives par la présidence danoise à Copenhague. Si ceci renforce la confiance cela veut également dire qu’il faut absolument que le processus aboutisse : il n’y a pas de filet de sécurité. Mieux vaut ne pas imaginer l’éventualité d’un échec…
Le temps file. Les désaccords sur le choix du texte à utiliser, les hésitations ou le manque d’ambition de certains et le perfectionniste d’autres sont autant d’éléments qui pourraient empêcher les discussions d’avancer suffisamment vite. De plus, il existe des manques certains, notamment sur le niveau de réduction des émissions à long terme et l’articulation légale globale.
L’ambiance positive doit se transformer en décisions positives ; rien n’est garanti pour l’heure.
Translate this page:
Negotiator Tracker - Thomas Matagne
Thomas Matagne, 23 ans, finit ses études en master Sciences et politiques de l'environnement à Paris. Il a participé à la COP15 en tant que membre de la délégation d'un PMA (« pays moins avancé ») et continue son travail sur les changements climatiques pour plus de justice inter- et intra- générationnelle... read more»
Read more of Thomas's posts here.
Follow Thomas on twitter @thomasmatagne