Quel bilan tirer de la réunion de Bonn sur le climat?

Alors que l’agenda international est très chargé en ce moment avec des sommets à tout va (OTAN, G8, EU, puis bientôt conférence de Rio), les négociations sur le climat qui viennent de conclure à Bonn sont passées presque complètement inaperçues. Pourtant, à l’ouverture de ces deux semaines de négociations, le Réseau d’Action Climat (RAC) décrivait cette nouvelle réunion comme chargée d’une “mission d’envergure”. “La vraie négociation, celle qui doit nous sauver d’un changement climatique dangereux, elle commence aujourd’hui” assurait l’organisation. De quoi s’agit-il donc?

Après l’échec de la conférence de Copenhague fin 2009, les discussions sous l’égide des nations unies ont malgré tout continué. La conférence de Cancun en 2010 entérina la création de nouvelles structures internationales pour faciliter par exemple le financement de projet d’adaptation dans les pays en développement. Aussi, les états se mirent d’accord à Durban l’an dernier pour fixer un nouveau calendrier devant aboutir en 2015 à un nouvel accord international pour la réduction des émissions de gazes à effet de serre. Six mois plus tard, la réunion de Bonn était donc très attendue puisque devant à la fois régler plusieurs questions laissées en suspens lors des deux conférences précédentes, tout en lançant un nouveau cycle de négociations. L’ambassadeur français pour le climat, Mr. Serge Lepeltier, nous explique dans la vidéo suivante l’importance de cette année de 2012, une année charnière pour ces négociations…

Deux semaines plus tard, les premiers échos nous parvenant des négociations semblent bien plus négatifs. Depuis Bruxelles la commissaire européenne au climat décrivait comme “dérangeant” le manque de progrès dans les pourparlers alors que le chef de la délégation de l’Union Européenne dénonçait de manière peu diplomatique l’attitude de ses homologues Chinois. Que s’est-il donc passé? Ce qui choque à première vue, c’est encore une fois la longueur des discussions consacrées à des questions de procédures: huit jours de travail auront été nécessaires pour définir l’ordre du jour pour le nouveau groupe de travail ainsi que le choix des personnes désignées pour faciliter ces discussions. D’autant plus frustrant, alors que tous la plupart des voyants sont aux rouges en ce qui concerne l’écart toujours grandissant entre l’urgence décrite par la communauté scientifique d’une part et le manque de politiques ambitieuses d’autre part.

Malgré tout, les participants les plus optimistes s’accrochent à percevoir des signes positifs émergeant de la réunion de Bonn. Tout d’abord, les discussions ont été compliquées par le fait que les délégations ont insisté pour maintenir à l’ordre du jour la question de l’augmentation des efforts d’atténuation des émissions à moyen terme, et pas seulement dans un futur lointain. Les difficultés liées à cette question centrale peuvent donc être perçues comme un juste mal, beaucoup craignant que l’accord de Durban ne serve de prétexte pour repousser d’une décennie tout effort additionnel.

En ce qui concerne les travaux du nouveau groupe de travail, une journée entière aura été consacrée au concept d’ “équité”. Cette notion, qui est maintenant au coeur des négociations, est suffisamment vague pour permettre les interprétations les plus éloignées. Parmi des présentations de points de vue nationaux très divers, on notera celle de l’Union Européenne présentant son expérience au niveau régional, les 27 devant d’ores et déjà s’entendre pour se répartir entre eux l’effort consenti par l’UE.

Ayant retenues la leçon apprise à Copenhague, les négociations climat ont donc cette fois-ci décidé de se comporter comme la tortue de la fable en débutant lentement mais sans éviter certaines questions épineuses, plutôt que de se lancer dans un rythme plus soutenu pour s’essouffler bien vite. Pas sûr malgré tout que cette nouvelle stratégie réponde de manière adéquate à l’urgence de la crise climatique…