Le sommet de Rio expliqué aux téléspectateurs sportifs
Mais pourquoi donc les Nations Unies ont-elles donc choisi d’organiser leur grande Conférence sur le Développement Durable (Rio+20) en ce début d’été. Il semble qu’elles auraient difficilement pu choisir plus mauvais moment pour focaliser l’attention de la société sur un sujet aussi important que le développement durable. Quelles sont les chances que l’on se rappelle ce mois de Juin 2012 comme celui du Sommet de la Terre de Rio? Gageons que l’enchaînement Rolant-Garros, Euro 2012, Tour de France, et Jeux Olympiques attirera plus l’attention des medias.
Plutôt que de nager à contre courant, parlons donc sport. La coupe d’Europe de football n’offrant pas de comparaison particulièrement aisée, je préférerais invoquer le tour de France qui envahira nos écrans si tôt nos 22 revenus de Pologne et d’Ukraine. Que serait un Tour de France sans ses sommets qui font et défont chaque année les vainqueurs. Le plus souvent, celui qui traversera les Champs-Élysées en jaune devra en effet son sacre à une ascension réussie dans les Alpes ou les Pyrénées. Les sommets de la Terre tiennent un peu un rôle similaire dans la course vers un nouveau modèle de croissance. Le résultat final en est défini surtout et avant tout par une performance continue et régulière. Engager un pays ou une communauté sur le chemin d’un développement soutenable requiert une attention de tous les instants et une véritable vision politique. Quelques soient les étapes traversées, il est nécessaire de maintenir le cap et continuer à une allure constante. Malgré cela, la traversée des cols fournit des moments particulièrement intenses permettant de confirmer ou de menacer l’ensemble de la performance. Les sommets offrent aussi une occasion de concentrer tous les regards sur le travail de fond qui pourrait passer autrement pour peu attrayant.
La traversée d’un sommet, c’est aussi une longue et parfois pénible ascension. Le sommet de Rio en est un parfait exemple, puisqu’il aura fallu des dizaines de réunions et des milliers d’heures de négociations pour préparer le terrain avant les trois jours de discussions au plus haut niveau attendus la semaine prochaine. Cela fait maintenant deux ans que la communauté internationale a commencé à débattre de ce que le développement durable pourrait être en ces temps de crises, ainsi qu’identifier les opportunités pour une transition plus juste et équitable. Il aura aussi fallut six mois de négociations laborieuses pour affiner ce qui pourrait ressembler d’ici à la fin de la semaine prochaine à une vision commune.
Cette longue ascension est aussi un moment privilégié pour l’ensemble des participants de la caravane. Le rôle des supporteurs et observateurs est particulièrement important pour redonner un nouveau souffle aux participants et les pousser de l’avant. C’est aussi (et peut-être surtout) une opportunité pour les membres de cette caravane de se retrouver et d’échanger à la marge de la compétition principale leurs expériences et leurs visions, avant tout localement mais aussi autour de chaque session de négociations aux Nations Unies. Le sommet des peuples de Rio est un de ces évènements stimulant de tels échanges.
Et puis finalement, cette ascension et le passage du sommet ouvrent la perspective d’une longue descendante. Quelque soit la hauteur du col, ou le niveau d’ambition d’un sommet, celui ci doit ensuite être transformé. L’énergie dépensée pour gagner en hauteur peut alors être relâchée pour accélérer, aller de l’avant et redescendre à des niveaux plus bas, à la condition que l’on sache éviter les embûches. Dans les mois et les années suivant la conférence de Rio+20, la mise en œuvre des décisions et principes adoptés à Rio seront clés pour faire de ce processus un succès.
Le slogan choisi pour la conférence renvoie au « future que nous voulons ». Afin d’atteindre ce but, les jours qui viennent seront cruciaux pour finir l’ascension, franchir le sommet avec vision et courage, puis s’assurer d’un effort continu et conduit dans la bonne direction pendant la période à venir. Le passage du col ne représente donc que la partie la plus visible de l’ensemble de cet exercice, dont les autres étapes sont tout aussi clés.
Images: emde




About the author
Sébastien DuyckPassionate environmental advocate, PhD student (Human Rights and Environmental Governance). Following particularly UNFCCC, UNEP and Rio+20 processes