En route vers le Protocole de Paris? - la nouvelle diplomatie environnementale de François Hollande
Voilà longtemps que je voulais écrire un bulletin sur la nouvelle politique climatique de la France… Comment ne pas faire le parallèle entre la formation du gouvernement rassemblant socialistes et verts avec l’élection de Helle Thorning-Schmidt à la tête du gouvernement Danois l’an dernier. Après la mise en place d’une nouvelle coalition au pouvoir à Copenhague, une de ses premières annonces avait été la révision de l’objectif danois de réduction des émissions, le portant a -40% d’ici 2020.
Et puis, première douche froide fin Mai… “Il ne faut pas s’attendre à une révision de la position française dans les négociations climat” m’avait déclaré Serge Lepeltier, ambassadeur français pour le climat. J’avoue que j’avais alors eu certaines difficultés à comprendre comment un changement de majorité et la présence des verts au gouvernement pouvait ne pas se traduire par une évolution de la position française.
Depuis, quatre mois ont passé sans aucune grande annonce ou déclaration du gouvernement et donc peu d’opportunité pour un petit bulletin plein d’enthousiasme. On se rappellera même du limogeage d’une ministre de l’environnement pourtant reconnue par tous comme très compétente mais sous pression des lobbies de l’industrie. Comme beaucoup, c’est donc avec excitation que j’attendais l’ouverture de la conférence environnementale ce vendredi et le premier long discours de François Hollande consacré aux questions environnementales.
Au coeur d’une longue série de priorités et de mesures sur des sujets allant de la politique énergétique du pays en passant par la création d’une agence nationale de la biodiversité, le président a fait plusieurs annonces concernant la politique climatique du pays pour les cinq prochaines années. Et parmi ces annonces, une grande nouvelle: “La France est prête à accueillir la conférence des nations unies sur le climat en 2015″ a déclaré le président. Roulements de tambours : la France reprend l’initiative! On sait d’ores et déjà que la conférence de 2015 sera une échéance cruciale puisqu’elle aura pour but de conclure les négociations préparant un nouveau traité international sur le climat. Pour pouvoir prétendre être à la hauteur de l’enjeu, le président nous a donc promis de construire “une nouvelle diplomatie environnementale” au cours des années qui viennent.
Et d’énumérer des mesures relatives aux politiques climats: rénovation d’un million de logements en France, moratoire sur l’exploitation des gazes de schistes en France. Au niveau européen, le président propose aussi de construire une politique européenne de l’énergie en particulier avec le voisin Allemand, de supporter les efforts de la commission européenne pour réguler le marché carbone, et de proposer une taxe carbone aux frontières de l’Europe.
Malheureusement, lorsqu’il s’agit d’aborder la question au combien importante de la réduction de nos d’émissions, les chiffres mentionnés par François Hollande ne sont pas à la hauteur des attentes de la société civile. Quand de nombreuses voix s’élèvent pour demander à l’UE de rehausser son objectif pour 2020, le président annonce soutenir l’adoption d’une cible de réduction des émissions de 40% en 2030 puis 60% en 2040 sans aborder la question de cet objectif à plus court terme – et le plus important peut être. Quel dommage, puisque l’objectif actuel de l’UE est décrit comme complètement inadéquat par l’ensemble des acteurs (aussi bien les ONGs travaillant sur les questions de justice climatiques que les entreprises réclamant une orientation politique plus claire). Puisque la France avait facilité à l’époque les négociations ayant conduit à l’adoption de ce faible objectif, il est difficile d’imaginer une meilleure opportunité pour lancer la diplomatie environnementale du nouveau président. Au lieu de s’inquiéter du lieu où la caravane des Nations Unies plantera son chapiteau en 2015, le président ferait peut-être mieux d’aider la chancelière Merkel à trouver des solutions pour rassembler nos partenaires Européens (en particulier ceux d’Europe Centrale) autour d’une politique européenne du climat plus ambitieuse.
N’oublions pas que la France brille le plus souvent sur la scène internationale quand elle joue à domicile: il suffit de se rappeler les succès des bleus lors du mondial de 1998. Tels Zidane, Henri et Thuram galvanisés par le public Français, espérons donc que l’optique d’un grande conférence onusienne se déroulant dans l’hexagone remobilisera notre gouvernement et de ses représentants dans les négociations climatiques.
Dans une semaine, j’aborderai sur cette plateforme une autre opportunité pour la France de montrer l’exemple par un aspect de sa politique climatique: l’utilisation des revenus de notre taxe sur les transactions financières.
Image: Robert Doisneau




About the author
Sébastien DuyckPassionate environmental advocate, PhD student (Human Rights and Environmental Governance). Following particularly UNFCCC, UNEP and Rio+20 processes