La peur de négocier
Posted on 05. Jun, 2010 by Florent Baarsch in France
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Après une première semaine de négociations, il est temps de dresser un premier bilan. Cependant, dans la mesure où les négociateurs se retrouvent encore demain, il est trop tôt pour comprendre clairement l’avancée ou le recul des négociations survenu au cours. Il existe pourtant un point sur lequel, il est possible de dresser un bilan, même après seulement 5 jours de négociations. Il s’agit de l’ambiance des discussions.
Au cours de la conférence de Copenhague, les discussions étaient particulièrement tendues avec des menaces d’arrêt de négociations, ou des échanges vifs et directs en plénière. La première conférence de Bonn, au mois d’avril, était quant à elle marquée par l’absence totale de confiance entre les parties. Il semblerait qu’un nouveau sentiment s’installe à Bonn, la peur.
Deux craintes principales pourraient conduire à un vrai pourrissement des négociations, dans le cadre des Nations Unies.
La sortie du cadre onusien : jusqu’à présent, les principales négociations et les majeures avancées sur le climat se sont produites dans le cadre des Nations Unies. Or depuis quelques mois, des forums parallèles de discussion ont conduit à éloigner progressivement les grandes décisions du cercle de la Convention Cadre des Nations Unies. Un nombre de plus en plus important de discussions ont lieu ailleurs : G8, G20, Forum des Economies Majeures, Dialogue de Petersberg ou encore l’initiative Franco-Norvégienne sur la forêt. Ces échanges hors du cadre onusien ont deux conséquences majeures. D’une part, ils affaiblissent totalement les négociations et l’importance des discussions qui se tiennent aux Nations Unies et d’autre part, conduisent à totalement ignorer certains pays : les plus vulnérables et les moins riches. Les pays les moins développés sont de plus en plus conscients de cette mise à l’écart et s’en inquiètent de plus en plus.
Le chantage à l’adaptation : par l’intermédiaire de l’accord de Copenhague, les pays développés se sont engagés à donner 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012 pour subvenir aux premiers besoins de l’adaptation au changement climatique. Or d’une part, les Etats Unis ont clairement annoncé que pour bénéficier de cette aide à l’adaptation, il faudrait être associé à l’Accord de Copenhague. Ensuite, il existe cette légitime crainte que les promesses écrites hier, soient vite oubliées demain.
La peur n’a jamais été particulièrement bonne conseillère, et n’a jamais incité à avoir une attitude positive. Reste à savoir maintenant à quoi mènera ce climat de peur, et surtout comment réagiront les pays en développement qui se sentent de plus en plus pris en otage…